Claude Guéant ne tue pas

Publié le par blogduconseiller

Claude Guéant ne tue pas ; il tire en l’air. Il ne menace pas ; il envoie des tirs de sommation, il avertit. C’est ce qu’il a fait ce matin dans le « Journal du Dimanche », à l’adresse de tous les candidats à l’élection présidentielle, en tirant à vue sur celui qui ne le sera pas, Dominique Strauss-Kahn.

La valeur de l’avertissement est celle-ci : « Qu’importe que mes services aient un jour dit blanc, je peux à tout moment dire noir, mentir, ou les dédire publiquement ». Que chaque candidat à l’exception de Nicolas Sarkozy le sache : il peut un matin se retrouver l’objet d’un nouveau récit du ministre de l’Intérieur.

Etape 1 : affirmer « je souhaite qu’on tourne la page » de l’affaire DSK. Etape 2 : révéler l’existence d’une information qui lui aurait été transmise, relative à un contrôle dudit DSK, bois de Boulogne, en 2006. On ne saura d’ailleurs ni comment ni pourquoi. Etape 3 : le journaliste ne demandera ni comment l’information est arrivée au ministre, ni ce qu’il en a fait. Non, on « tourne la page ».

Grâce à l’AFP et à Jean-Jacques Urvoas (député), on sait depuis que le directeur adjoint du cabinet de Claude Guéant avait publiquement engagé la réponse suivante aux rumeurs et aux questions que lui adressaient alors l’opposition et le clan DSK : « Après recherche, il apparaît bien qu'aucun compte-rendu administratif concernant [la] vie privée [de DSK] n'existe et a fortiori n'a circulé en provenance de la police […]. M. Strauss-Kahn serait donc en droit de poursuivre toute personne ou tout organe de presse faisant écho à de telles allégations ».

 

On peut chercher à savoir qui du ministre ou de son ancien directeur adjoint de cabinet ment ce matin. Cela n’est pas forcément sans conséquence, car leurs mots engagent la responsabilité politique du ministre et ont valeur légale. On peut aussi s’interroger sur les raisons pour lesquelles le ministre de l’Intérieur choisit de se faire poser deux nouvelles questions sur l’affaire DSK, démentant sans argument légalement valable l’existence d’un « complot », près de 7 mois après le déclenchement de « l’affaire ».

On peut enfin s’étonner du peu de curiosité de Laurent Valdiguié, l’un des deux journalistes qui signent cette interview, et qui laisse habituellement entendre à ses interlocuteurs que ses talents d’investigateur ne connaissent pas d’égal à Paris.

On peut enfin repenser à cette phrase trop entendue depuis le début de la campagne présidentielle : « ça va être sale, il va y en avoir plein les murs, ça va voler bas ». Un autre avertissement, d’ailleurs souvent venu de ceux-là mêmes qui accusent sans preuve, se disculpent sans preuve et parlent aux journalistes sans craindre la moindre relance.

 

Claude Guéant, dont j’aurai encore d’autres choses à dire dans mes prochains articles, a renouvelé ce matin le genre de la communication de sommation. Qui n’est justement plus de la communication lorsqu’elle profite de la complicité d’une chaîne d’acteurs silencieux.

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A
Je trouve votre blog "séduisant" mais il ne ressemble pas tout à fait à la personnalité de Jacques Pilhan, voire même à certaines de ses analyses posthumes. J'en sais un peu quelque chose pour<br /> avoir travaillé à ses côtés pendant 7 ans et sous les périodes Mitterrand et Chirac. Bien que mon nom ainsi que celui d'un autre de ses très proches collaborateurs ne soient pas cités dans le livre<br /> de Bazin. Cherchez l'erreur.
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B
<br /> <br /> Si vous dîtes vrai - ce dont le Conseiller ne doute pas -, vous devriez intéresser François Bazin qui n'a pas dû tarder à vous contacter.<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> Le Conseiller <br /> <br /> <br /> <br />